Mercredi 25 décembre 2013 : messe de Noël

Publié le 27 Décembre 2013

Mercredi 25 décembre 2013 : messe de Noël

Homélie du Père Benoit Lecomte :

« Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur... Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple ! » Et voilà l'espérance et la joie qui traversent cette liturgie, et ce jour, et cette nuit... et notre monde !

On a fait de Noël la fête de la joie, car toute naissance est - généralement - événement de joie, et combien plus celle de Jésus. Pour manifester cette joie, on décore nos maisons, on illumine nos rues, on se retrouve en famille, on s'offre des cadeaux, on marque par des signes notre attention aux autres... et l'on fait la fête, au point que même ceux qui ne partagent pas la foi des chrétiens et ne reconnaissent pas en Jésus le Messie attendu, se sont mis aussi à faire la fête !

Mais peut-être Noël est-elle, plus encore que la fête de la joie, la fête de l'espérance. Fête de la lumière au milieu de la nuit. Fête de la présence au milieu des solitudes. Fête du repas au milieu de nos faims (Jésus n'est-il pas déjà couché dans une mangeoire, prêt à se donner en nourriture?). Fête de l'espérance, parce qu'en venant en notre monde, en venant « planter sa tente parmi nous », Dieu ne nous garde pas à distance. Il se fait le tout proche, le prochain, l'ami, le compagnon. Il vient nous parler « par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes » (Heb). Il se fait l'un de nous pour que nous n'ayons plus jamais peur de lui, comme d'autres avant nous ont pu avoir peur des dieux ou de Dieu. Non seulement que nous n'ayons plus jamais peur, mais, plus encore, que nous entrions avec lui dans une relation de confiance, de paix et d'amitié.

« Noël ? Une lumière a resplendi », avons-nous écrit sur les murs de nos églises. Il est, Lui, « la vraie Lumière qui éclaire tous les hommes en venant dans le monde. » Il a vu les nuits que nous traversions, il a compris nos angoisses et nos détresses, nos obscurités jusqu'en nos ténèbres, mais il ne s'est pas résigné. Il les a traversées, lui aussi, pour nous éclairer de l'intérieur. Pour ouvrir le chemin, dégager l'horizon, et que nous ne nous arrêtions pas là. Noël est fête de l'espérance, parce qu'avec la venue de Dieu en notre chair et la naissance de Jésus, notre monde n'est plus en proie à la fatalité : nous ne sommes plus seuls à nous battre contre des forces parfois obscures, Il est là, discret mais fidèle compagnon, et Il ouvre le chemin. La puissance de Dieu se manifeste et se déploie dans la faiblesse d'un enfant nouveau-né. Un enfant qui ne peut rien d'autre qu'aimer et attirer à lui l'amour. Un enfant pour dire la présence tendre et confiante, sûre et fidèle de Dieu-avec-nous.

Projetant une nouvelle Lumière sur le monde, Noël nous laisse découvrir une dimension nouvelle aussi de notre humanité. Car ceux qui ont reçu cette Lumière qu'est le Christ, « il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu » (Jn). Noël est fête de l'espérance parce qu'elle nous renvoie à une nouvelle compréhension de notre vie d'hommes et de femmes : nous comprenons que nous ne venons pas de nous-mêmes, mais de Dieu. Que notre vie n'a donc pas de fin, si ce n'est en Dieu. Qu'elle n'est pas étriquée, mais infinie. Elle n'est pas liée par le mal, mais sauvée. Elle n'est pas vouée à la violence, mais faite pour l'amour. Elle n'est pas anéantie par le péché, mais pardonnée. Dieu s'est lié à nous... et nous voilà liés par lui, en nous ! Dieu a été capable de devenir toi... et te voilà capable de devenir lui en ce monde, comme en une nouvelle naissance à ta propre vie : signe réel et vivant de l'amour tout puissant, donnant à toute vie, à commencer par la tienne, une dimension infinie. Dieu naît en toi pour que tu naisses en Lui ! Nouvelle naissance - naissance à la vie divine - de notre humanité !

« Dieu, personne ne l'a jamais vu », dit Saint Jean. Mais « ceux qui sont nés de Dieu et sont devenus enfants de Dieu », toi et moi, tous ensemble, par nos liens et nos solidarités, pouvons conduire à le connaître. Il s'agit bien là d'une transformation anthropologique radicale : Dieu révèle l'homme à lui-même, et l'homme devient capable de révéler Dieu dans le monde, de le rendre présent et agissant. Échange mystérieux que réalise l'événement de cette nuit. Et notre monde attend, c'est certain, l'annonce de cet événement. Une annonce qu'il lui faut apprivoiser de l'intérieur, comme le souffle de quelqu'un qui vous aime et qui vous lance du fond de son être un : « Je t'aime ! » Cette nouvelle, on l'entend avec son cœur, avec ses tripes, avec son corps – comme le corps d'une mère qui reçoit son nouveau-né sur elle - : Dieu veut être avec nous. Il s'unit à nous. Il vient et veut nous connaître de bout en bout, de la naissance à la mort, du début à la fin de notre existence. Il nous aime de la première à la dernière seconde... A moins que ce soit l'inverse (puisque les choses ne sont plus tout à fait normales, depuis cette nuit...) C'est plutôt nous, nos vies, notre vie, notre humanité qui entre dans son éternité à lui, éternité de vie... pour que toute notre existence prenne dimensions divine et infinie... !!! En Jésus Christ, toute vie devient sacrée.

Bonne Nouvelle d'espérance, que ce Noël, en ce monde qui se cherche, qui tâtonne chaque jours dans ses repères éthiques et ses organisations sociales. Bonne nouvelle à faire résonner depuis nos propres profondeurs désormais transformées. Ce n'est peut-être pas la joie qui domine alors dans cette fête : les solitudes restent à vivre, les violences à calmer, les soucis et les problèmes à régler... mais l'espérance, elle, vient de s'affirmer d'une façon vraiment nouvelle, et nous comprenons que rien ne pourra jamais plus la désarmer.

Que cette espérance vienne habiter nos cœurs et nos vies, pour que, par toute notre existence, ce Dieu qui a voulu prendre naissance en nous prenne corps en ce monde, et pour chaque homme devenu frère.

Amen.

Mercredi 25 décembre 2013 : messe de Noël
Mercredi 25 décembre 2013 : messe de Noël
Mercredi 25 décembre 2013 : messe de Noël

Lecture du livre d’Isaïe: Is 52, 7-10

Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut, celui qui vient dire à la cité sainte : « Il est roi, ton Dieu ! »
Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion.
Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple, il rachète Jérusalem !
Le Seigneur a montré la force divine de son bras aux yeux de toutes les nations. Et, d'un bout à l'autre de la terre, elles verront le salut de notre Dieu.

 

Psaume : Ps 97, 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !

 

Lecture de la lettre aux Hébreux : He 1, 1-6

Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ;
mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes.
Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils, qui porte toutes choses par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux ;
et il est placé bien au-dessus des anges, car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
En effet, Dieu n'a jamais dit à un ange : Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré. Ou bien encore : Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils.
Au contraire, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui.

 

Évangile : Jn 1, 1-18

Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu.
Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.
Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j'ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître.