Samedi 31 mai 2014 : 7ème dimanche de Pâques A

Publié le 31 Mai 2014

Samedi 31 mai 2014 : 7ème dimanche de Pâques A

 Nos vies sont quotidiennement mouvementées. Que l'on soit actif ou en recherche d'emploi, parents ou grands parents, très engagés associativement ou pas, il y a toujours mille et une sollicitations qui font que les mois et les années défilent à toute vitesse. Nous sommes déjà au mois de juin ! Avec l'impression d'avoir fait la rentrée hier ou avant-hier ! Notre rythme de vie, les événements que nous traversons ne nous laissent pas beaucoup de temps pour souffler.

            Un lieu, pourtant, reste apprécié pour sa paix et son calme : les églises. Que l'on soit en ville ou à la campagne, quel plaisir de trouver sur son chemin une église ouverte ! Combien y entrent et disent être saisis par quelque chose ! Baptisé ou non, croyant ou non, on trouve là un havre de paix. De silence. De fraîcheur. Le temps s'arrête et l'on peut respirer. Prier, pour ceux qui prient. Penser. Ou ne plus penser. On s'assoit sur un banc et on est là. Le brouhaha extérieur peut continuer, ou les oiseaux chanter et les chiens aboyer, le silence nous happe, et avec nous tout ce qui nous tourmente. Quelque chose d'indicible se passe, à l'intérieur de nous mais qui nous prend tout entier et nous apaise. Et même si nous savons bien qu'il faudra retrouver la course du jour en sortant, le moment présent prend une saveur d'infini...

 

            Dans l'extrait du livre des Actes des apôtres que nous venons d'entendre, c'est ce que vivent les apôtres, après les événements qui ont du plus que les secouer. Arrestation, mort, résurrection, apparitions et maintenant ascension de Jésus... il y a de quoi être bouleversé ! Ils ont besoin, ensemble, de se retrouver au calme, loin du vacarme de la ville, dans la chambre haute... de repenser à tout ça... de faire silence et prier.

            C'est ce que vit Jésus, aussi. Pas dans une église ni une chambre haute, mais en son Père. Avant la tempête de la nuit qui vient, où tout basculera. Il est au terme de son ministère public, il sait que dans quelques heures, tout va se jouer. Alors il prend le temps, lui aussi, de se poser. Et dans ce lieu de paix, de repos en son Père, il confie ceux qu'il a appelés. Ceux à qui il a donné le nom du Père.

            On peut s'étonner qu'il ne prie pas pour le monde, seulement pour quelques-uns... Ne serait-ce pas pour ne pas rester dans l'indifférenciation ? Comme il a fait connaître le nom de Dieu aux disciples, il fait résonner des noms au Père. Ceux qui sont nommés dans le livre des Actes. Et les nôtres, pourquoi pas. « Ceux que tu m'as donnés. » Ce sont des visages, pas des numéros. « Dans l'Apocalypse, l'adversaire de Dieu, la Bête, ne porte pas un nom, mais un nombre : 666 (Ap 13, 18). Le numéro efface le visage. Dieu, lui, a des noms et appelle par des noms. Il est personne et cherche la personne. Pour lui, nous ne sommes pas des fonctions dans la grande machine du monde, mais ce sont justement ceux qui n'ont aucune fonction qui sont les siens. Le nom, c'est la possibilité d'être appelé, c'est la communion. »[1]

            Jésus, par sa prière, nous fait entrer dans cette communion avec son Père. Il ne nous fait pas échapper au rythme de vie effréné, ni aux tourments. Mais nous savons maintenant que quoi que nous vivons, notre nom est – nos noms sont -  dans le cœur de Dieu. C'est cela qui, à mon sens, autorise l'apôtre Pierre à écrire ce qu'il écrit et qui peut paraître sinon scandaleux : « Puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d'être dans la joie et l'allégresse quand sa gloire se révélera. Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous. »

            La paix que nous recherchons en entrant dans une église ne se trouve pas dans l'église. Ce que nous trouvons là n'est peut-être en fait que le signe sensible d'une réalité plus grande, plus haute et plus profonde : notre habitation en Dieu. « J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie », chante le psalmiste. Et nous comprenons que la chambre haute n'est pas ailleurs que dans la profondeur de notre cœur, au plus loin de notre intériorité, là où nous pouvons être enfin en communion avec Dieu... et avec nous-mêmes.

            Un jour, c'était le jour de notre baptême, nous avons été appelé par notre nom, et nous avons été marqués au nom de Dieu, du Père, du Fils et de l'Esprit. Nos noms ont résonné et résonnent encore dans le cœur de Dieu. Et le Fils, dans la vie duquel nous avons été plongés, nous a donné la vie éternelle. « La vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ ». La vie éternelle, c'est de savoir qu'il y a ce havre de paix et de communion en nous, ce présent à la saveur de l'amour infini, où tu nous attends, et d'y aller souvent, et de s'y installer, et d'y demeurer.

            Qu'en ce temps de préparation et d'attente de l'Esprit de Pentecôte nous sachions descendre en nous-mêmes pour atteindre la source fraîche qu'est cette vie éternelle, qui donne toute confiance et toute paix. Que ces baptêmes et cette eucharistie soient déjà le signe réel et la nourriture de notre habitation commune en Dieu le Père, de notre communion avec lui plus forte que tous les tourments. Qu'en nous, le Christ Jésus trouve sa gloire... et que nous soyons un, comme lui et le Père sont un.

            Amen.

P. Benoît Lecomte

 

[1]    Cardinal Joseph Ratzinger Der Gott Jesu Christi (trad. Le Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977, p. 17)

 

Livre des Actes des Apôtres : Ac 1, 12-14

Les Apôtres, après avoir vu Jésus s'en aller vers le ciel, retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem, qui n'est pas loin. (La distance ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.)
Arrivés dans la ville, ils montèrent à l'étage de la maison ; c'est là qu'ils se tenaient tous : Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, arthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques.
D'un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

 

Psaume : Ps 26, 1, 4abcd, 7-8

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ? 
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

J'ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche : 
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie.

Écoute, Seigneur, je t'appelle ! 
Pitié ! Réponds-moi ! 
Mon cœur m'a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

 

Première lettre de saint Pierre Apôtre1P 4, 13-16

Mes bien-aimés, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d'être dans la joie et l'allégresse quand sa gloire se révélera.
Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous.
Si l'on fait souffrir l'un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur.
Mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas de honte, et qu'il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean : 17, 1-11a

À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.
Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée.
Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.
J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole.
Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi,
car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé.

Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux.
Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

 

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

Publié dans #Homélies

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