Dimanche 27 juillet 2014 : 17ème dimanche TO A

Publié le 27 Juillet 2014

Dimanche 27 juillet 2014 : 17ème dimanche TO A

De quoi es-tu passionné? Farouchement passionné ? Qu'est-ce qui est le cœur de ta vie, ta perle, ton trésor ? Ce en comparaison de quoi rien n'aurait de valeur ? Ce pour quoi un homme est capable de vendre tout ce qu'il a pour mettre la main dessus, tel le trésor ou la perle dans l'évangile... Quel est ton Royaume des cieux ?

            Le roi Salomon répond : ce sera l'intelligence, le don de discernement, la sagesse, pour gouverner son peuple. Et après tout... cette sagesse, cette intelligence ne manque-t-elle pas encore aujourd'hui dans le gouvernement des peuples et des pays, des entreprises et jusque dans les familles ou en nos vies personnelles ? Je rejoins ce soir un camp scout qui a connu depuis 15 jours de grandes crises... les chefs au téléphone avant-hier me faisaient sentir combien il était difficile de faire preuve de sagesse, d'être juste, de penser à chacun, d'aller de l'avant... Le discernement et la mesure, le souci du bien commun, sont bien souvent contraints pas d'autres considérations, lobby, forces diverses... Combien est-il difficile à notre esprit de se libérer de toutes les pressions qu'il connaît pour décider avec justice dans une visée à long terme ! En demandant la sagesse, Salomon fait déjà œuvre de sagesse. Les évêques, au Concile Vatican II, ont osé écrire tout un chapitre sur la dignité de l'intelligence et la sagesse : « Participant à la lumière de l’intelligence divine, l’homme a raison de penser que, par sa propre intelligence, il dépasse l’univers des choses (…) La nature intelligente de la personne trouve et doit trouver sa perfection dans la sagesse. Celle-ci attire avec force et douceur l’esprit de l’homme vers la recherche et l’amour du vrai et du bien ; l’homme qui s’en nourrit est conduit du monde visible à l’invisible. Plus que toute autre, notre époque a besoin d’une telle sagesse, pour humaniser ses propres découvertes, quelles qu’elles soient. L’avenir du monde serait en péril si elle ne savait pas se donner des sages. Pourquoi ne pas ajouter cette remarque : de nombreux pays, pauvres en biens matériels, mais riches en sagesse, pourront puissamment aider les autres sur ce point. Par le don de l’Esprit, l’homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine » (Gaudium et Spes, 15). Les intentions de prière universelle qui nous sont proposées par toute l’Église de France à propos de la paix en Terre Sainte, nous rappellent si besoin était combien cette sagesse et la faculté de discernement sont toujours à rechercher et à demander, pour le bien de la paix et des peuples.

            Et toi, quel est ton désir le plus profond ? Ce qui compte le plus à tes yeux ? L'amour de ton conjoint ? De tes enfants ? La réussite matérielle ? Ou relationnelle ? Ta relation à Dieu ? Une reconnaissance ? Ton travail ?

            Chacun répondra en secret et en conscience à cette question. Chacun peut y répondre rapidement, et aussi en prenant davantage le temps, en creusant au fond de lui pour rechercher le désir qui l'anime vraiment, parfois en deçà d'autres désirs plus apparents.

            Peut-être, alors, tomberons-nous ensemble sur un désir commun. Un désir profond, peut-être inconscient ou innommable, mais partagé par le plus grand nombre. Ce pourra être un désir de justice, de partage, de respect de la dignité de tous et de chacun, de bienveillance, d'accueil, de fraternité. Ce désir commun, peut-être encore, est-il celui dont parle Saint Paul aux Romain : notre destinée à « être l'image du Fils de Dieu, pour faire de ce Fils une multitude de frères, selon le dessein de son amour. » N'y aurait-il pas là le trésor commun que nous cherchons, celui qui récapitule tous les efforts que nous fournissons, toutes nos conversions, toutes nos énergies, toute notre intelligence et tous nos désirs ? N'y aurait-il pas là, dans le fait de devenir tous enfants de Dieu, une perle incomparable ? La perle que Dieu cherche, tel le négociant de l'évangile, le trésor qu'il veut, n'est-ce pas l'homme accompli, l'homme débarrassé de tout ce qui le déshumanise, l'homme : toi et moi dans une alliance vivante avec Lui ? Voilà la perle, au yeux de Dieu !

            Et c'est, me semble-t-il, le Royaume des cieux que Jésus appelle de ses vœux, et dont il parle dans l'évangile. Lui, venu en mission d'auprès du Père, ne veut pas retourner vers Lui sans réaliser sa mission : ramener une multitude de frères et de sœurs. Ne demandera-t-il pas à ses disciples d'appeler Dieu « Notre Père », ouvrant la paternité de Dieu pour tous ceux qui prononceront ces mots... comme réalisant déjà ici-bas, par ces simples paroles, le Royaume des Cieux attendu...

            Devenir frères et sœurs de Jésus, enfants du Père : voilà notre véritable demande à Dieu, parfois enfouie sous un tas d'autres désirs et occupations. Une demande qui passe par l'intelligence et la Sagesse que souhaitait Salomon. Celle qui passe aussi par le grand nettoyage, le grand tri en nos vies, pour éliminer ce qui ne convient pas. « Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. » Travail difficile en nous-mêmes, qui demande, lui aussi, discernement, intelligence et Sagesse, ouverture du cœur et de l'esprit à l'Esprit du Fils.

            Reste alors à nous mettre à l'écoute et à l'école de Dieu. « Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour », dit encore Saint Paul. A nous laisser faire par l'Esprit, par la Parole du Seigneur, par l'eucharistie nourrissante, par le pardon réhydratant la source baptismale, par le pauvre et le prochain en qui Dieu se fait proche...

            Que cette célébration, que notre prière commune vienne raviver en nous, et par elle au cœur de tout homme, le désir de ce Royaume. Qu'elle nous ouvre à la joie de la découverte de notre propre vocation, de notre propre grandeur, de notre propre valeur, et de notre propre histoire dans le projet de Dieu : la joie de participer, déjà, à l'émergence du Royaume des cieux sur cette terre. A partir du plus intime de nous-mêmes, rejoignant l'immensité des hommes, en solidarité avec toute la création.

            Amen.

            P. Benoît Lecomte

Premier livre des Rois 3,5.7-12.
A Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon.
Il lui dit : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. »
Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi à la place de David mon père ; or, je suis un tout jeune homme, incapable de se diriger,
et me voilà au centre du peuple que tu as élu ; c'est un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut ni l'évaluer ni le compter.
Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; comment sans cela gouverner ton peuple, qui est si important ? »
Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit :
« Puisque c'est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis ; mais puisque tu as demandé le discernement, l'art d'être attentif et de gouverner,
je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n'en a eu avant toi et que personne n'en aura après toi.

 

Psaume 119(118),57.72.76-77.127-128.129-130.
Mon partage, Seigneur, je l'ai dit,
c'est d'observer tes paroles.
Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche,
plus qu'un monceau d'or ou d'argent.

Que j'aie pour consolation ton amour
selon tes promesses à ton serviteur !
Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai :
ta loi fait mon plaisir.

Aussi j'aime tes volontés,
plus que l'or le plus précieux.
Je me règle sur chacun de tes préceptes,
je hais tout chemin de mensonge.

Quelle merveille, tes exigences,
aussi mon âme les garde !
Déchiffrer ta parole illumine
et les simples comprennent.

 

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,28-30.
Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour.
Ceux qu'il connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères.
Ceux qu'il destinait à cette ressemblance, il les a aussi appelés ; ceux qu'il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu'il a justifiés, il leur a donné sa gloire.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 13,44-52.
Jésus disait à la foule ces paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ.
Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines.
Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.
Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien.
Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes
et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Avez-vous compris tout cela ? - Oui », lui répondent-ils.

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

Publié dans #Homélies

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