Dimanche 6 juillet 2014 : 14ème dimanche du TO A

"Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos"

 Baptêmes de Kaïly et Sullivan     

           Certains osent dire ou croire que « Dieu, c'est compliqué ». Mais ne serait-ce pas plutôt nous, qui serions compliqué, et lui, simple ? Nous faisons sans cesse des calculs dans nos relations, cherchons des stratégies pour arriver à nos fins, changeons d'idées ou de perspectives, cherchons et tâtonnons dans tout ce que nous faisons, essayons de nous comprendre les uns les autres sans toujours y parvenir... Quelle énergie dépensée chaque jour simplement pour que ça n'aille « pas trop mal » ! Il n'est pas simple, c'est vrai, de toujours composer avec les autres ! Au sein d'une entreprise ou d'une association, d'une communauté chrétienne, d'une famille... Même au sein d'un couple, et je pense à ceux qui se marient tout au long de cet été, pourtant portés par l'amour : il n'est pas si simple d'être en vérité, de parler de tout, de ne rien calculer, de ne pas chercher à plaire et de se laisser être aimé pour ce qu'on est... Jeu inévitable, peut-être, de notre humanité. Pour reprendre les images de la lecture, il y a des « chars de guerre » en nous comme il y en a en Éphraïm, et des « chevaux de combat » comme en Jérusalem.

            Au cœur de ces tumultes et de ces fatigues, la Parole que Dieu nous adresse en ce jour vient nous réconforter et nous apaiser. Car avec lui aussi, nous pouvons être encore sur le monde du calcul et du marchandage, de la stratégie et de la séduction. Mais Lui est dans une autre logique : la simplicité. Radicale. A faire tomber tous nos masques. A nous faire « lâcher prise », comme on le cherche aujourd'hui dans les livres de « bien-être ». Avec l'audace qu’entraîne de lâcher prise : celle de se laisser tomber, en toute confiance, dans les bras de Celui qui nous attend. En Lui point de calcul. Tout n'est que Vie, joie, vérité, accueil.

            « Exulte de toutes tes forces, pousse des cris de joie ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble... il proclamera la paix aux nations », cri Zacharie dans son livre. « L'Esprit de Dieu habite en vous... et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous », explique Paul. Et Jésus de se tourner vers son Père et notre Père pour clamer sa louange : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits... vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, venez à moi et je vous procurerai le repos. » Entendant, recevant cette Parole au plus profond de nous, comment ne pas abandonner nos crispations et nos peurs, et entrer dans la simplicité de la confiance, dans cette relation intime avec Lui ? Il vient nous rencontrer tel le roi de la première alliance. En christ, il est le victorieux de tout, même de notre mort. Il a été capable de tuer en nous le péché. Qu'aurions-nous donc à nous lamenter encore ? Qu'est-ce qui pourrait nous empêcher encore de vivre pleinement dans la confiance et dans l'amour, dans la paix et la sérénité, dans la simplicité de l'amitié partagée ?

            « Je suis doux et humble de cœur », dit Jésus à notre humanité compliquée et parfois rugueuse. Aujourd'hui, Kaïly et Sullivan, en recevant le baptême comme nous-mêmes l'avons reçu, entrent dans cette imitation de Jésus-Christ, dans cette configuration à la douceur et à l'humilité du Christ. Ils entrent dans cette amitié intime avec lui pour vivre de lui et lui appartenir... et par là, faire entrer le monde, notre humanité agitée et inquiète, dans le repos qu'offre cette amitié. Et toi, Océane, qui fais tes premiers pas dans la communauté des disciples de Jésus, te voilà invitée à entrer toi aussi dans cette amitié qui procure le repos, dans cette simplicité de relation avec Dieu, qui ouvre à davantage de vie et de bonheur.

            Pour nous tous, vient le temps de l'été. Avec peut-être un rythme un peu moins soutenu que pendant l'année scolaire, ou plus dense au contraire à cause des visites des enfants et des petits enfants... Et si nous profitions de cet été pour progresser, entre nous et avec tous ceux qui nous entourent, dans cette simplicité de Dieu qui ne calcule pas mais qui aime et qui sauve ? Profitons du temps de repos qui nous est donné pour entretenir ces relations humaines auxquelles nous ne faisons pas assez attention tout au long de l'année. En famille et entre amis. Faisons grandir la confiance et la simplicité entre nous. Au cours d'un repas, d'une soirée partagée, d'une promenade, d'un goûté... Les deux soirées d'hier, organisées dans cette église et à Puymoyen à l'occasion de la « nuit des églises », n'ont-ils pas été, chacun à leur façon, des moments tout simple de rencontre gratuite ? Belle manière d'entrer dans l'été. Ne laissons pas filer le temps de l'été et le temps des vacances sans nous laisser plonger par Dieu dans l'apprentissage sans cesse à renouveler de la simplification de nos relations, pour nous reconnaître tels que nous sommes, nous réjouir de nos richesses et nous soutenir dans nos faiblesses. N'y aurait-il pas là un temps de grâce, temps de ressourcement et de ré-enracinement dans une spiritualité toute simple, celle de l'amitié ? Cette amitié que Jésus veut vivre avec nous. Apprenons-là à la vivre avec les autres, pour la redécouvrir venant du Christ.

            « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » Avec Sullivan et Kaïly, avec Océane, redevenons vraiment ses disciples de simplicité et de paix. Pour cela, soyons de ces tout-petits qui n'ont pas de préjugés et entrent en relation avec innocence et joie. Les sages et les savants compliquent tout, les tout-petits accueillent joyeusement ce qui leur est donné, sans arrière pensée ni doute sur la confiance qui leur est faite. Là est une source de bonheur, là nous attend le repos véritable, celui que nous apprend le Christ, dans l'amitié qu'il veut avec nous.

            Amen.

                                                           P. Benoît Lecomte

Livre de Zacharie 9,9-10.
Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune.
Ce roi fera disparaître d'Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, et de l'Euphrate à l'autre bout du pays.

Psaume 145(144),1-2.8-9.10-11.13cd-14.
Je t'exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d'amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu'il dit,
fidèle en tout ce qu'il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,9.11-13.
Frères, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit de Christ ne lui appartient pas.
Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n'est pas envers la chair : nous n'avons pas à vivre sous l'emprise de la chair.
Car si vous vivez sous l'emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l'Esprit, vous tuez les désordres de l'homme pécheur, vous vivrez.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11,25-30.
En ce temps-là, Jésus prit la parole  : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange  : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté.
Tout m'a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »