Dimanche 28 septembre 2014 : 26ème dimanche du TO A

Publié le 29 Septembre 2014

Dimanche 28 septembre 2014 : 26ème dimanche du TO A

            Ne ressemblons-nous pas bien souvent aux deux fils de l'évangile ? Un peu adolescents, un peu inconsistants, ce que nous disons et ce que nous faisons ne coïncide pas exactement. Il y a du jeu dans la cohérence que nous recherchons et que nous voulons pour nous-mêmes. La réconciliation, l'unité de toute notre personne n'est pas si simple à faire, le travail pour y parvenir nous fatigue parfois. Et nous risquons de nous lamenter sur nous-mêmes... ou sur les autres, en qui nous relevons les mêmes difficultés à tout articuler.

            La Parole de Dieu de ce jour vient nous réconforter. Non pas qu'elle relativiserait ces incohérences ou qu'elle les encouragerait au risque de mener, parfois, à la destruction intérieure ! Mais elle souligne que s'il y a du jeu, c'est qu'il y a du mouvement... et que ce mouvement, pourvu que nous le fassions dans le bon sens, nous permet de nous ajuster à la loi d'amour que Dieu nous invite à vivre. « Je ne désire pas la mort du méchant », lance Dieu dans le livre d'Ezéchiel. « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. » Autrement dit, Dieu espère en nous, jusqu'en notre péché. Dieu croit inlassablement que rien n'est jamais figé pour toujours, mais à celui qui écoute sa Parole, dans le secret de sa conscience, dans l'intimité de son intériorité, il est possible de changer de vie, de se laisser irriguer par cette présence divine et de se tourner vers la vie. Les prêtres et les anciens, dans l'évangile, se croient déjà justifiés, ils sont restés sourds au témoignage de Jean-Baptiste. Les publicains et les prostituées, qui eux savent qu'il y a un écart entre leur conduite et l'unité de leur vie, ont entendu les paroles du prophète et y ont cru. Moins raides que les prêtres et les anciens, ils ont pu changer de vie et s'attacher, certainement non pas d'un seul coup, mais en s'engageant sur un chemin, à suivre la volonté du Père qui est volonté de joie, de bonheur, de paix intérieure.

            Nous sommes parfois inspirés par ce que nous vivons... alors permettez moi une image qui me vient en tête. Suite à mes problèmes de dos il y a quelques mois, je me retrouve chez le kiné deux fois par semaine. Et que me fait-il travailler ? Le renforcement du dos, et les rotations. Sans vous ouvrir tout mon dossier médical, il me faut donc tout à la fois muscler le dos, et gagner toujours davantage en souplesse de mouvement et de rotation du bassin. Autrement dit, en finir, autant qu'on le pourra, avec les raideurs.

            La Parole de Dieu nous dit qu'il en est de même dans la vie spirituelle et humaine. Il faut en finir avec nos raideurs. Nous ne sommes pas, et personne n'est jamais totalement mauvais, ou totalement parfait. Et ce serait un drame que de se figer dans l'une ou l'autre posture, parce que l'une comme l'autre est mortifère. Au contraire, en découvrant la souplesse à laquelle nous sommes appelés, en nous renforçant dans la confiance en Dieu, par l'écoute de sa Parole, par les sacrements et la vie dans l'Esprit, nous  pouvons nous tourner petit à petit vers celui qui réunifie nos vies et les réconcilie.

            Cette souplesse, en plus de donner cohérence à nos existences, nous fera nous découvrir sous un nouveau jour : l'autre n'est pas que ce que nous en voyons ou ce que nous en croyons. Il est capable de changement, de conversion, de mouvement. Et ce sont toutes nos relations qui s'en trouvent transformées. Comme le remarque déjà saint Paul : « Il est vrai que dans le Christ on se réconforte les uns les autres, on s'encourage dans l'amour, on est en communion dans l'Esprit, on a de la tendresse et de la pitié », nous invitant pourtant à aller encore plus loin : « ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments, recherchez l'unité... »

            C'est ainsi que nous laissons de la place pour le travail de Dieu en nous. Comme si c'était à l'intérieur même de ce jeu que nous déplorons, de ces incohérences que nous regrettons, que Dieu s’immisçait pour nous sauver de l'intérieur de nous-mêmes. N'est-ce pas jusque là qu'il est descendu, qu'il s'est abaissé, jusqu'en notre péché et jusqu'en notre mort ? N'a-t-il pas été jusque dans cet abîme de nous-mêmes pour nous relever d'entre les morts et nous pardonner ce que nous ne nous pardonnons pas à nous-mêmes ? Ne nous aime-t-il pas jusque là, lui qui a saisi le tout de notre humanité, le bon comme le mauvais, le glorieux comme le douloureux, le fort comme le faible, le beau comme le laid ? Mystère du Dieu de Jésus-Christ qui veut à tout prix nous sauver et qui, pour ça, nous aime jusqu'au bout. Mystère de l'amour de ce Dieu qui invite chacun à se tourner librement vers Lui et à le laisser faire, sans honte et en toute confiance.

            Et à ceux qui s'offrent les unes de l'actualité à cause des violences et des haines perpétrées soi-disant au nom de Dieu, à ceux qui sont eux-mêmes rongés par les violences qu'ils infligent aux autres, nous pouvons leur répondre. Non pas par la haine et la violence, mais par l'espérance et l'amour si désarmant. Par le Dieu de Jésus-Christ qui ne cesse de frapper à la porte du cœur jusqu'à ce que celui-ci ouvre. « Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne », demande l'homme. Et le fils répondit : « Je ne veux pas ». Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla. »

            Heureuse parabole qui nous invite à ne désespérer ni de nous-mêmes ni de personne, mais à entrer dans les dispositions du Christ lui-même, à découvrir que jamais le Seigneur tout-puissant ne se résigne au péché de l'homme, mais qu'il attend toujours, inlassablement, que l'homme trouve la voie de l'amour et de la tendresse... et qu'il vive.

            Amen.

P. Benoît Lecomte

Livre d'Ézéchiel 18,25-28.
Parole du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites :
Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c'est à cause de sa perversité qu'il mourra.
Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie.
Parce qu'il a ouvert les yeux, parce qu'il s'est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.

Psaume 25(24),4-5ab.6-7.8-9.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m'oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,1-11.
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié,
alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l'unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres.
Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ Jésus :
lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ;
mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,28-32.
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne'.
Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas. ' Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla.
Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur ! ' et il n'y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

Publié dans #Homélies

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