Samedi 18 avril 2015 : 3ème dimanche de Pâques B

Publié le 19 Avril 2015

Samedi 18 avril 2015 : 3ème dimanche de Pâques B

          Tout à l'heure, dans le credo, nous dirons, avec les mots que nous recevons de l’Église : « Je crois en la résurrection de la chair et en la vie éternelle. » La résurrection de la chair : voilà bien une réalité qu'il nous est difficile à appréhender. Lors des rencontres de préparation au baptême des tout-petits, avec leurs parents, nous réfléchissons à la foi de l’Église. Bien souvent, cet article est choisi par les uns ou les autres pour exprimer une réalité à laquelle il nous est difficile de croire. Le corps, nous savons où il va : en terre, il redevient poussière. A la rigueur, l'âme aurait, elle, une vie éternelle, montant au ciel auprès de Dieu. Mais alors une conclusion s'impose : nous ne croyons pas à la résurrection du corps, puisque nous pensons que le corps a bel et bien une fin, et nous ne croyons pas non plus à la résurrection de l'âme, puisqu'elle ne mourrait pas réellement. Elle serait  immortelle plus que ressuscitée. Autrement dit : nous ne croyons pas du tout à la résurrection. C'est en tout cas ce que j’entends chez la plupart de nos contemporains chrétiens, qui demandent pourtant le baptême de l’Église. Et peut-être que notre foi en la résurrection n'est pas aussi claire quand il s'agit d'entrer dans ce genre de détails.

            Le récit de l'évangile est pour le moins étrange, racontant comment Jésus, ressuscité, apparaît à ses amis : s'il se présente au milieu d'eux comme arrivant par enchantement et sans contrainte physique, il montre bien ses mains et ses pieds, invite à le toucher et mange du poisson. Son corps donc, est bien là, présent. Nous avons l'assurance que ce n'est ni une vision collective des apôtres, ni la venue d'une âme désincarnée. C'est lui, Jésus, ressuscité, qui vient aux hommes, avec son corps et son esprit. Lui, dont le corps a été crucifié et l'esprit rendu, lui qui est mort totalement, revient totalement à la vie, tout à la fois méconnaissable et reconnaissable.

            Il s'agit là, certainement, d'une nouvelle tout à fait révolutionnaire, que nous n'arrivons pas à appréhender réellement. Nous comprenons qu'avec le passage de la mort, il y a à la fois transformation et continuité de la personne tout entière. Tout est passé par la mort, et tout est revenu à la vie. En Christ, rien n'a été « saucissonné », il n'y a pas eu de séparation du corps et de l'esprit, la mort et la résurrection n'opèrent pas de « tri sélectif » : c'est bien lui, corps et âme, qui est présent à ses amis.

            Cette nouvelle ne peut qu'être accueillie dans la foi. Mais si nous mettons notre foi en elle, nous comprenons davantage quelle est la grandeur et la volonté de Dieu, quelle est sa libération et sa nouveauté. Nous comprenons que la mort n'est réellement que passage, puisque par elle rien n'est perdu, et tout est renouvelé. Nous comprenons qu'il ne s'agit pas, lorsque nous parlons de l'au-delà, d'imaginer un hypothétique monde basé sur nos critères scientifiques, mais d'accueillir un nouvel état, une nouvelle manière d'être et de vivre, tout à la fois dans la continuité de ce que nous vivons déjà, et dans une extraordinaire nouveauté qui nous échappe totalement actuellement.

            Car ce qui est vrai du Christ ne peut qu'être étendu à tous les hommes : c'est bien chacun de nous qui sommes appelés, un jour ou l'autre, à vivre ce passage comme Jésus l'a vécu lui-même. Un passage que nous avons peut-être même déjà vécu, puisque Saint Paul nous interpellait, au matin de Pâques : « Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ », faisant de notre propre résurrection non pas un passage à venir, mais un événement déjà passé, aux conséquences toujours actuelles. Un passage vécu déjà dans le baptême que nous avons reçu, et qui nous a fait passer, avec le Christ, de la mort à la vie de ressuscités. L'avons-nous bien entendu ? Nous sommes déjà ressuscités !

            Et la vie de ressuscités, n'est-ce pas la vie dans l'amour tout puissant, l'amour qui n'est plus marqué par le non-amour ou l'amour tordu, c'est-à-dire un amour sans péché ?

            On peut se demander s'il est bien utile de se poser tant de questions alors que nous n'avons aucune réponse. Pourquoi se prendre la tête avec tout ça ? Chacun peut bien croire ce qu'il veut, penser ce qu'il veut, du moment que ça ne fait pas de mal à son voisin !

            Pourtant, il me semble que l'annonce de la résurrection de la chair (ou des corps) est réellement une réelle bonne nouvelle, aux conséquences vraiment heureuses. Elle nous dit de quel amour nous sommes aimés de Dieu. Elle nous dit que nous ne sommes pas aimés seulement pour notre âme, ou seulement pour notre corps, ou que l'âme ou le corps serait rejetables. Nous sommes aimés totalement, entièrement, de haut en bas et de notre vie la plus visible à notre vie la plus cachée. Nous sommes aimés infiniment, et même si nous sommes encore marqués par le mal et le non-amour, la puissance de l'amour de Dieu est telle que tout de nous est renouvelé dans sa propre vie. Non seulement tout de nous ressuscite, corps et âme, par la puissance de l'Esprit de Dieu, mais tout vit désormais, et déjà aujourd'hui, dans un amour sur lequel le mal n'a plus de prise, un amour totalement victorieux ! « Mes petits enfants, si l'un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur auprès du Père : Jésus-Christ », celui qui est mort et ressuscité pour nous. Nous avons l'assurance que la violence et les ténèbres ont perdu leur bataille. Nous n'avons plus aucune crainte à avoir : un bonheur nous est totalement acquis par la mort et la résurrection de Jésus. « La paix soit avec vous. » Cris de Pâques. Et cette paix vient comme nous « enrober » tout entier.

A nos contemporains (à nous-mêmes?) qui décomposent leur existence entre ce qui serait aimable et ce qui serait sale, la résurrection d'entre les morts apporte une réconciliation intérieure, une paix profonde, ouvre à une confiance. Comme le petit enfant contre sa mère qui sait que rien ne peut lui arriver, nous pouvons nous lover en Dieu.  « Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance », osait déjà le psalmiste. Et nous, de ne plus avoir aucune crainte à cause de ce que nous faisons : Dieu est là et il nous aime vraiment, au-delà de ce que nous pouvons imaginer.

            Amen.

P. Benoît Lecomte

Livre des Actes des Apôtres 3,13-15.17-19.
En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole : « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher.
Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.
Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins.
D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait.
Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés.

 

Psaume 4,2.4.7.9.
Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage !

Dans la paix moi aussi,
je me couche et je dors,
car tu me donnes d'habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.

 

Première lettre de saint Jean 2,1-5a.
Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste.
C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier.
Voici comment nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements.
Celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui.
Mais en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24,35-48.
En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
qu’il prit et mangea devant eux.
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures.
Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
À vous d’en être les témoins.

 

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

Publié dans #Homélies

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