Dimanche 13 novembre 2011 : 33ème dimanche TO A

Publié le 13 Novembre 2011

Nous avons tous l'expérience d'un deuil et ce matin nous sommes venus avec au coeur un nom, un prénom qui nous est cher. Non pour replonger dans le passé mais pour puiser l'énergie de vivre notre avenir.

Faire mémoire de ceux que nous aimons c'est déjà assumer notre peine et faire confiance. C'est nous rappeler que ceux que nous portons dans notre cœur ont semé des germes de vie tout au long de leurs années. Ils sont ainsi devenus de plus en plus humains en développant les talents qui étaient les leurs au départ. Croyons que aujourd'hui ces germes de vie s'épanouissent, continuent de grandir, même si c'est très obscur pour nous. Croyons, parce que Jésus ressuscité est là, pour eux comme pour nous, et eux et nous nous sommes pris dans cette énergie de résurrection qui nous  propulse en avant. N'ayons pas peur, car nous sommes accompagnés.

C'est cela que nous allons célébrer en venant déposer une lumière à l'appel de leur nom.

 

Homélie du P. Benoit Lecomte

 

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On connaît bien cette parabole des talents. Mais certainement faut-il nous méfier de ne pas en faire trop vite une lecture économique, qui en ferait un modèle faussé de capitalisme : « celui qui a recevra encore, celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a ». Ce serait, je pense, tordre la pensée de Jésus pour qui les considérations économiques et matérielles, si elles existent, sont toujours rapportées à une parole plus existentielle, plus vitale, plus fondamentale. Je vous propose quelques points à méditer à partir de cette page d’Evangile.

 

L’homme qui part en voyage confie ses biens à chacun selon ses capacités (selon sa « puissance », en grec). A l’un cinq talents, à l’autre deux, au troisième un seul talent.

Avouons que nous comparons souvent nos capacités, nos talents, nos investissements, nos chances, nos dons, nos forces, etc. L’attitude du maître, image de l’attitude de Dieu avec chacun de nous,  nous invite à arrêter cette comparaison mortifère et à nous réjouir de deux choses : la première, c’est que Dieu nous confie ses biens. Rappelons-nous qu’un seul talent équivaut au salaire de 6000 journées d’un ouvrier ! Dieu nous fait confiance. Dieu croit en nous, en chacun de nous. Au-delà de ce que nous imaginons parfois.

La deuxième, c’est qu’il ne nous demande pas plus que nous ne pouvons faire. Il nous aime tel que nous sommes. Peu importe que tel ou tel puisse moins en faire, ou soit malade, ou trop âgé, ou moins disponible, ou moins disposé ! Dieu ne nous impose jamais ce que nous ne pourrions pas supporter. Sans nécessité de comparer entre les uns et les autres : chacun reçoit sa part, celle qu’il peut porter. Et c’est ensemble que nous accueillons la totalité du don de Dieu.

 

Cette remarque nous amène à visiter le regard que nous portons sur Dieu. N’est-elle pas là, la différence entre les deux premiers serviteurs et le troisième ? Les deux premiers voient en leur maître un homme bon et fidèle qui leur fait confiance. Et ils seront appelés par ce maître « serviteurs bons et fidèles ». Le troisième, au contraire, porte sur le maître un regard dur et négatif : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain ». Du coup, c’est lui qui sera appelé « serviteur mauvais et paresseux ». Il y a donc une correspondance entre le regard que je porte sur Dieu et la façon dont je crois que Dieu me vois…

D’où l’invitation que l’on peut entendre à revisiter sans cesse la façon avec laquelle je regarde Dieu, je contemple le visage de Dieu, je comprend qui il est en vérité ! Et de découvrir alors la vérité de ma propre humanité. Il ne s’agit pas là d’un exercice de psychologie ou de méthode d’auto persuasion, mais au contraire de découvrir le Dieu de Jésus Christ tel qu’il se révèle en lui-même, et non pas tel que je l’imagine. Dans son incarnation, Jésus nous fait découvrir qu’il y a un lien étroit entre la vérité de Dieu et la vérité de l’homme. Attachons-nous donc à rencontrer Dieu tel qu’il est, tel qu’il se révèle à nous en Jésus Christ dans le quotidien de nos vies, lui qui nous parle, précisément, dans cette parabole, « de sa venue ». Alors, à la mesure de cette rencontre, nous grandirons dans la connaissance que nous avons de nous mêmes, dans la reconnaissance de la grandeur de notre dignité, dans la compréhension de la vocation de l’amour à laquelle nous sommes appelés.

 

Car quels talents Dieu peut-il donner à chacun, quels dons Dieu peut-il distribuer, lui qui est tout amour, si ce n’est, précisément, l’amour ? Rien à voir avec ces émissions où l’on cherche le nouveau ou l’incroyable talent, la personne qui aura le don le plus extraordinaire et qui pourra se faire remarquer des autres !

A chacun, Dieu donne la capacité de recevoir l’amour, de le recevoir lui-même, et d’aimer en retour. A chacun, ensuite, la responsabilité de faire fructifier cet amour. Le dernier serviteur n’a pas découvert la grandeur de la confiance de son maître, il n’a cru ni en Dieu, ni en lui-même, et n’a pas voulu faire d’effort : « il creusa la terre et enfouit l’argent de son maître ». Autrement dit, il s’est enterré lui-même, il est mort à toute vie. Les deux autres serviteurs, eux, ont eu à cœur de faire fructifier cet amour et de lui donner vie. Ils ont pris le risque de le remettre en jeu, de le redonner pour qu’il grandisse… n’en est-il pas ainsi avec l’amour : il augmente quand on le donne, et il diminue quand on le garde pour soit !

Et plus on donne de l’amour, plus on en reçoit… Le premier serviteur, qui a reçu cinq talents et qui en rend dix, se voit remettre le talent de l’homme qui a eu peur…

 

Jésus nous encourage, dans cette parabole, à quitter nos peurs, nos paresses, nos regards négatifs sur Dieu et sur l’homme, pour oser et vivre avec audace. Oser accueillir sa présence en nos vies et nous laisser initier par lui, en nous ouvrant au mystère de Dieu et du Christ tel qu’il se donne à nous dans son Evangile et dans le pain eucharistique. Oser aimer, chacun à sa façon, dans nos relations de travail, de famille, d’amis… en vivant de la confiance en soi, en nos frères, et en l’Esprit qui travaille le cœur de chacun. Et en nous engageant, dans un acte d’amour concret, pour toujours plus de justice et de paix.

Vous le savez, vous qui êtes ici ce matin en hommage à l’un de vos proche qui est décédé cette année : l’amour reçu et donné ne meurt pas, il porte du fruit et continue sa croissance au-delà de la rupture de la mort. C’est bien la vie de Dieu, la vie éternelle déjà confiée, reçue et vécue ici-bas qui se déploie à l’infini dans le temps de la résurrection. Et qui nous permet d’être, déjà aujourd’hui, en communion avec ceux qui nous ont précédés.

Vivons nous-mêmes de la charité du Christ, accueillons-la et faisons-la fructifier. Ainsi, la nouveauté et la fraicheur de l’évangile feront entrer toute l’humanité « dans la joie du maître ».

Amen.

P. Benoît Lecomte

 

Livre des Proverbes 31,10-13.19-20.30-31.

La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieuse que les perles. Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l'enrichira. Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur. Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux.

Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange. Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l'éloge de son activité.

 

Psaume 128(127),1-2.3.4-5.

Heureux qui craint le Seigneur

et marche selon ses voies !

Tu te nourriras du travail de tes mains :

Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !

 

Ta femme sera dans ta maison

comme une vigne généreuse,

et tes fils, autour de la table,

comme des plants d'olivier.

 

Voilà comment sera béni

l'homme qui craint le Seigneur.

Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,

et tu verras les fils de tes fils.

 

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5,1-6.

Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c'est alors que, tout à coup, la catastrophe s'abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper.

Mais vous, frères, comme vous n'êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres.

Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,14-30.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.

Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. - Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. ' Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. - Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. '

Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient. '

Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents ! '

 

 

 

 

 

Rédigé par Paroisse Saint Jean Baptiste Angouleme

Publié dans #Homélies

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