Dimanche 18 mars "Dimanche Autrement" 4ème dimanche carême A

Publié le 18 Mars 2012

 

 

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  • Diaporama du dimanche autrement


 

 

  • Homélie du P. Benoit Lecomte

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       Qu’est-ce que l’homme ? Comment définir l’humanité de l’homme ? N’est-il pas une creationofastar1.jpgquestion à lui-même, une énigme, un mystère ? La question « qui suis-je » nous fait basculer dans un puits d’une profondeur abyssale. Nous pouvons décliner notre identité, égrener notre curriculum vitae, donner nos coordonnées (comme si nous étions un simple point GPS sur la carte du monde). Mais savons-nous vraiment qui nous sommes ? D’où nous venons ? Pourquoi nous sommes là ? Vers quoi nous allons ? Ce que nous avons à faire ?

Notre vie est parfois complexe, nous pouvons la trouver tordue, passionnante, sinueuse, fatigante…

        Dans ce tâtonnement permanent, au milieu de ce brouillard, nous sommes un peu comme cet aveugle de l’évangile. Difficile de voir bien loin : nous vivons notre quotidien du mieux que nous pouvons… Peut-être même en évitant de se poser trop ces questions. (de la même façon que vendredi soir à l’aumônerie, on a voulu parler de la vie après la mort. Et les jeunes ont répondu, avec pertinence : « On se pose pas cette question, et elle nous intéresse pas. Ce qu’on veut, c’est profiter de la vie aujourd’hui au maximum ! »)

Jésus, dans l’évangile, ne nous pose pas ces questions. Mais il propose pourtant d’éclairer la route. Il dit : « Je suis la lumière du monde ». A vrai dire, cette affirmation est sympathique, mais encore trop vague et trop générale pour nous parler vraiment.

       Le concile Vatican II, dans un texte sur le dialogue de l’Eglise et du monde, a tenté de développer cela en disant : « Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (GS 22). Autrement dit : si tu cherches une réponse à la question « qu’est-ce que l’homme, qui suis-je, d’où je viens et pourquoi je suis là », regarde le Christ. Regarde Jésus. Regarde-le dans son humanité, dans ses relations, dans ses façons de faire. Ecoute-le dans sa Parole. Etonnamment, il te parlera de toi. Il te dira qui est l’homme, qui tu es, qui tu es appelé à être. Il te dira ce que tu es appelé à vivre. Jésus éclaire le mystère de notre vie.

       Il ouvre nos yeux, comme pour l’aveugle. Et projetant la lumière sur le mystère de notre vie, il ouvre notre cœur à la confiance en Lui et à la joie de croire en Lui.

Il a du falloir du temps à l’aveugle, qui avait toujours été dans le noir, pour s’habituer à la lumière du jour et aux formes qu’il n’avait jamais pu voir. Un peu comme le passage de l’obscurité à la grande lumière lorsqu’on ouvre les volets d’une chambre obscure et que le soleil de l’été est au plus haut. Au début, on est éblouis. Il nous faut du temps pour nous habituer. De même, la foi de l’homme qui avait été aveugle va s’affiner petit à petit, au long de ce long interrogatoire, de cette enquête quasi policière que mènent les juifs et les pharisiens. Ce n’est pas d’un coup que l’on croit en Jésus. C’est progressivement, pas à pas, tout au long de la vie. Il nous faut du temps pour adhérer totalement à ce Jésus, pour mettre toute notre foi en Lui (cf  ce qu’on a fait au caté, en se laissant guider à l’aveugle par un copain… en étant obligé de mettre notre confiance en lui : ce n’est pas si facile, ça ne se fait pas toujours du premier coup !). Et cette adhésion progressive se fait en Eglise, avec d’autres croyants, d’autres chercheurs. C’est ce que nous essayons de vivre pendant ce carême, toujours en partageant l’évangile avant chaque messe, et en redécouvrant le credo : nous ouvrir mutuellement à la joie de croire.

 

       Cette page d’évangile est immensément riche. Un point aujourd’hui, retient mon attention.

        L’aveugle ne demande rien à personne. Il ne voit pas Jésus. Il ne sait pas qui est l’homme qui lui a ouvert les yeux. Il dit seulement que c’est « l’homme qu’on appelle Jésus », en réponse  à ceux qui veulent savoir. Et même Jésus a disparu tout le temps de l’enquête. Mais sans le connaître, l’ancien aveugle va petit à petit témoigner de celui qu’il ne connaît pas, et en qui il ne croit pas encore !

       Nous voulons souvent (toujours ?) que les gens connaissent Jésus avant de vivre la rencontre avec lui. Je me réfère aux sacrements, qu’il nous faut toujours préparer minutieusement : nous préparons le baptême, la confirmation, à la communion… En fait, Jésus touche les hommes avant même de se faire reconnaître. Et les hommes, tous les hommes, comme cet ancien aveugle, peuvent témoigner de lui avant même de le rencontrer et de le reconnaître !

        Savons-nous entendre le témoignage de ceux qui ne reconnaissent pas encore le Christ ? Sommes-nous accueillants au témoignage de ceux qui ne sont pas baptisés, qui ne communient pas, qui ne partagent pas nos rencontres, et qui, pourtant, peuvent nous faire découvrir Jésus, à nous qui croyons le connaître ?

       Jésus est « lumière né de la lumière », dirons-nous tout à l’heure. Il est la lumière du monde. Il est la Lumière de tous les hommes, de ceux qui l’ont connu et de ceux qui ne le reconnaissent pas encore, voire qui ne l’ont jamais rencontré. Jésus est lumière pour tous : il est la vérité de l’homme, il éclaire le mystère de l’homme.

       Angie et Michaël, en vous préparant au baptême, vous dites tout cela. Vous dites que le Christ vous a éclairé, ouvert les yeux, touché avant même de l’avoir rencontré, avant de le connaître par son nom. Vous dites aussi qu’il faut du temps pour comprendre qui il est, qui est cet homme, ce Dieu qui vous a rejoint dans votre existence. Vous dites maintenant que vous voulez croire en Lui, plonger à votre tour dans son mystère, comme il a plongé dans le votre. Et vous dites enfin que seuls, on ne peut pas avancer aussi facilement et aussi joyeusement qu’avec d’autres, et que l’Eglise, avec son cortège d’hommes et de femmes en recherche eux-aussi, est un soutien indispensable pour ne pas se tromper de lumière.

       Que Jésus le Christ, qui est la lumière du monde et la lumière de l’homme, vienne nous éclairer. Qu’il ouvre non seulement nos yeux, mais aussi nos cœurs à sa présence, pour que nous entrions chaque jour un peu plus dans le mystère de notre vie : être ainsi appelé par Dieu lui-même à vivre de sa vie, pour transformer toute l’humanité en une communion d’amour, de justice et de paix.

Amen

P. Benoît Lecomte

  • Textes du jour

Lecture du premier livre de Samuel (1S 16, 1b.6-7.10-13a) 

Le Seigneur dit à Samuel : « J'ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur Isaraël. Je t'envoie chez Jessé de Bethléem, car j'ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars ! »

En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit : « Sûrement, c'est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l'onction ! »

Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le coeur. »

Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là. N'as-tu pas d'autres garçons ? »

Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »

Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé. »

Jessé l'envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.

Le Seigneur dit alors : « C'est lui ! donne-lui l'onction. »

Samuel prit la corne pleine d'huile, et lui donna l'onction au milieu de ses frères. L'esprit du Seigneur s'empara de David à partir de ce jour-là.

Psaume : Ps 22 

Le Seigneur est mon berger :

je ne manque de rien.

Sur des prés d'herbe fraîche,

il me fait reposer.

 

Il me mène vers les eaux tranquilles

et me fait revivre ; 

il me conduit par le juste chemin

pour l'honneur de son nom. 

 

Si je traverse les ravins de la mort,

je ne crains aucun mal, 

car tu es avec moi :

ton bâton me guide et me rassure. 

 

Tu prépares la table pour moi

devant mes ennemis ; 

tu répands le parfum sur ma tête,

ma coupe est débordante. 

 

Grâce et bonheur m'accompagnent

tous les jours de ma vie ; 

j'habiterai la maison du Seigneur

pour la durée de mes jours.

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtres aux Éphésiens(Ep 5, 8-14)

Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière - or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité - et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur.

Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d'en parler. Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. C'est pourquoi l'on chante :

Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 9, 1-41)

En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.

Ses disciples l'interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »

Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui.

Il nous faut réaliser l'action de celui qui m'a envoyé, pendant qu'il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

 

Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer - car il était mendiant - dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C'est bien moi. »

Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-il ouverts ? » Il répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a frotté les yeux et il m'a dit : 'Va te laver à la piscine de Siloé.' J'y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j'ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

 

On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. A leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. » Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. »

Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C'est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu'il est né aveugle ? Comment se fait-il qu'il voie maintenant ? » Les parents répondirent : « Nous savons que c'est bien notre fils, et qu'il est né aveugle. Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s'expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu'ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s'étaient déjà mis d'accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

 

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n'en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j'étais aveugle, et maintenant je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t'ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m'entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l'injurier : « C'est toi qui es son disciple ; nous, c'est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d'où il est. » L'homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d'où il est, et pourtant il m'a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n'exauce pas les pécheurs, mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce. Jamais encore on n'avait entendu dire qu'un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.  

Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : 'Nous voyons !' votre péché demeure. »

 

 


Rédigé par Paroisse Saint Jean Baptiste Angouleme

Publié dans #Homélies

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