Dimanche 30 septembre : 26ème dimanche TO B

Publié le 30 Septembre 2012


  • Homélie du P. Benoit Lecomte

         20120923_021---Copier-.JPGDimanche dernier, nous étions à Frégeneuil, pour notre rassemblement de doyenné. Sous le soleil, dans un cadre agréable, tous ceux qui y étaient ont apprécié ce temps de rencontre entre paroisses qui ne se connaissent pas encore tant que ça, voire pas du tout. La messe était belle, la liturgie vivante et priante. Et il était heureux, avant la messe, de pouvoir partager l'évangile avec d'autres.

       « D'autant que les autres paroisses n'ont pas encore l'habitude des partages d'évangile, et de la richesse de l'écoute de la Parole de Dieu comme nous pouvons l'avoir ici. Et que beaucoup semblaient troublés de cette proposition. Et combien de paroissiens d'autres paroisses étaient heureux de participer à une messe où étaient présentes toutes les générations, eux-mêmes ne voyant que très peu souvent des enfants ou des jeunes ! Heureusement, dans notre paroisse, nous avons la chance de nous réunir souvent autour de la Parole de Dieu, et d'accueillir régulièrement bébés, enfants, jeunes et adultes de tous âges ! »

        Derrière ses paroles dont j'ai pu entendre à quelques nuances près la substance au cours de la semaine, il ne faudrait pas que pointe l'inquiétude des Douze. « Celui qui n'est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. » Autrement dit, que cette expérience de rencontre vécue dimanche dernier ne nous renferme pas sur nous-mêmes en communauté, sur nos habitudes et nos façons de faire, regardant le voisin de travers parce que « lui, il ne sait pas ou il ne sait pas faire, ou il n'a pas l'habitude de lire l'Evangile ». Au contraire, cet événement n'est-il pas une invitation à l'ouverture, à l'accueil, à la poursuite du dialogue pour toujours nous connaître davantage mutuellement, et nous apporter les uns les autres nos savoir-faire, nos talents, nos intuitions ? Notre monde ne souffre-t-il pas déjà assez de fermetures, d'exclusions, de rejet ?

         « Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer », clame Jésus avant d’entamer sa longue tirade plus digne de la boucherie que de l'amour de Dieu. « Si ta main, ton pied, ton œil t’entraîne au péché, arrache-le! » N'oublions pas que notre corps forme un tout, et que notre Église est à l'image d'un corps, composé de tous ses membres, individus, groupes, ou communautés diverses. De la même façon qu'il ne viendrait à personne parmi nous l'idée d'exécuter cette parole de Jésus à la lettre et de nous couper main, pied ou œil, pourrait-il nous venir à l'idée, l'envie de nous séparer ou de nous éloigner de telle ou telle communauté chrétienne, paroissiale, ou de telle personne a priori trop loin et différente de nous ?


          L'Esprit de Dieu est donné à chacun et à tous. Même à Eldad et Médad, qui n'étaient pourtant pas avec les autres  quand la nuée du Seigneur dispensa son esprit sur les 70 anciens. Même à celles et ceux qui ne participent pas régulièrement à nos assemblées. Même à ceux qui n'ont pas conscience d'être habité par cet esprit. Même les non baptisés, comme le signifiait si clairement le concile Vatican II parlant du mystère de Pâques : « Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. » (GS 22)

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        Nous allons être amenés, au cours des mois qui viennent et jusqu'à Noël, à observer et contempler ce que nous vivons, au quotidien, de l'ouverture ou de la fermeture à l'autre, de l'attention ou de l'inattention à nos voisins, du don ou de l'égoïsme que nous savons vivre. Nous partagerons en équipe, en assemblées paroissiales, en groupes, et nous écrirons nos coups de gueule et nos coups de cœur, nos coups de mains et nos coups de poing, les nôtres et ceux dont nous sommes témoins. Nous les regarderons. Nous les porterons dans la prière ensemble, comme autant d'actions de grâce ou de demandes de pardon. Nous les recueillerons et les écrirons sur des pages qui, associées à toutes les pages écrites par toutes les paroisses, les mouvements, les groupes, les services de notre diocèse, formeront un grand livre : celui des merveilles et des fragilités. Merveilles et fragilités de la fraternité et de l'humanité.  Notre humanité. Notre Corps.


         « La paix mondiale commence dans les cœurs, dit frère Aloïs, le prieur de la communauté de Taizé, dans sa lettre de 2012. Pour amorcer une solidarité, allons vers l'autre, parfois les mains vides, écoutons, essayons de comprendre celui ou celle qui ne pense pas comme nous... et déjà une situation bloquée peut se transformer. Cherchons à être attentifs aux plus faibles, à ceux qui ne trouvent pas de travail... notre attention aux plus pauvres est, profondément, une attitude d'ouverture envers tous : nos proches sont aussi, en un certain sens, des pauvres qui ont besoin de nous. » Et frère Aloïs de continuer : « La vocation de l’Église, c'est de rassembler dans la paix du Christ des femmes et des hommes et des enfants de toutes langues, de tous peuples, à travers le monde. Elle est le signe que l'Evangile dit vrai, elle est le Corps du Christ, tout animé par l'Esprit Saint. Elle rend présent le 'Christ de communion' » Il nous revient  de rayonner la paix. Ne nous divisons donc pas et ne cherchons pas les divisions, ni entre nous, ni avec les autres.

           Moïse et Jésus ont raison : l'Esprit de Dieu souffle où il veut. Ne croyons pas que nous en sommes propriétaires. Plus encore : sachons nous émerveiller de ce qu'il agit là-même où on ne l'attend pas, bien au-delà de nos cercles institués. Telle est la grandeur de Dieu : il ne regarde pas l'apparence, mais le cœur. Il ne constitue pas une société d'hommes à part, mais relève tout homme. Il ne sélectionne pas ceux par qui il parle, il habite et se donne infiniment à chacun, pour le service de tous.

                                   Amen.

P. Benoît Lecomte

 

  • Les textes du jour

Livre des Nombres 11,25-29.
Le Seigneur descendit dans la nuée pour s'entretenir avec Moïse. Il prit une part de l'esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l'esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas.
Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l'un s'appelait Eldad, et l'autre Médad. L'esprit reposa sur eux ; bien que n'étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser.
Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! »
Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »

Psaume 19(18),8.10.12-13.14.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

La crainte qu'il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m'échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil :
qu'il n'ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d'un grand péché.

Lettre de saint Jacques 5,1-6.
Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent.
Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites,
votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l'argent, alors que nous sommes dans les derniers temps !
Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'univers.
Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu'on massacrait des gens.
Vous avez condamné le juste et vous l'avez tué, sans qu'il vous résiste.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 9,38-43.45.47-48.
Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n'est pas contre nous est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer.
Et si ta main t'entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s'éteint pas.
Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.
Si ton œil t'entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,
là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas.

 

 

 


Rédigé par Paroisse Saint Jean Baptiste Angouleme

Publié dans #Homélies

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