Dimanche 8 juillet 2012 14ème dimanche TO B

Publié le 8 Juillet 2012

  • Diaporama du baptême d'Émilia

 

 

  • Homélie du P. Benoit Lecomte

img_1362.miniature.jpg« On s’habitue à tout, sauf à la boue », écrivait Erich Maria Remarque dans son livre « A l’Ouest, rien de nouveau » racontant le quotidien des soldats dans les tranchées de la 1ère guerre mondiale. Cette affirmation, je l’ai toujours gardée. Je ne sais pas ce qu’il en est de vivre dans la boue, mais ne porte-t-elle pas en elle une vérité trop grave pour être esquivée ?

On s’habitue à tant de choses ! Aux réactions de son enfant, à sa femme et à son mari, à l’injustice et à l’indifférence, aux titres des journaux et au nombre de morts annoncés. On s’habitue à la course du temps, aux réponses toutes faites, aux gens qu’on croise, à ceux qu’on connaît… Il réagit comme ça ? Je ne suis pas surpris ! Elle pense ainsi ? Le contraire m’aurait étonné !

Dans la vie spirituelle aussi, on s’habitue. Aux rites, aux célébrations, aux discours de l’Eglise, à la Parole de Dieu, à nos pratiques pastorales… On peut même s’habituer dans la prière : le signe de croix, les formules apprises par cœur, les demandes qui sont toujours un peu les mêmes, les mercis (un peu, mais pas trop)…

Il y a dans cette attitude une forme d’économie d’énergie. Heureusement que nous n’avons pas à réinventer tous les matins les gestes du quotidien ! Mais cette économie d’énergie peut aussi nous endormir, nous anesthésier. Au point de ne plus voir, entendre et saisir que ce que nous attendons ! Et de ne plus vivre du surgissement de vie et de nouveauté qui nous est donné à chaque seconde !

Les auditeurs de Jésus sont un peu comme ça, dans l’Evangile de ce jour. Ils connaissent Jésus, il est l’un des leurs. Ils s’étonnent bien un peu de ce que le jeune rabbi raconte, mais ils le connaissent tellement ! Ils l’ont vu grandir… c’est comme s’ils l’avaient fait ! Que pourrait-il être de plus que ce qu’ils connaissent déjà de lui ? Et la petite brèche qui commençait à s’ouvrir, la petite ouverture de questionnement qui pointait se referme instantanément.

Et pour nous, qui est-il ? Qui est Jésus ?

Est-ce ce personnage de caté à l’histoire rabâchée 100 fois, que l’on connaît par cœur ? Cet homme historique objet de tant de livres et de recherches ? Un mythe hyper analysé qui a transformé une partie de l’histoire de l’humanité ? Ou bien est-il celui qui apporte et offre la nouveauté de Pâques, et la révélation de la véritable toute puissance de Dieu ?

Celui qui dit la nouveauté de l’immense proximité de Dieu avec nous et de nous avec Dieu ?

Celui qui ouvre au plus beau et au plus grand des mystères : le mystère d’un Dieu Trinité éternellement relation d’amour qui veut nous aimer comme ses enfants ?

Celui qui apporte la liberté la plus intérieure et la plus sûre, le pardon le plus profond, la tendresse la plus pure, l’espérance la plus forte ?

Sa Parole est-elle suite de textes plus ou moins trafiqués et sans cesse répétés, ou bien éternelle nouveauté créatrice nous ouvrant à notre pleine humanité ?

L’eucharistie est-elle devenu un geste machinal, ou nous y avançons-nous avec la joie, l’inquiétude et la curiosité de l’enfant qui communie pour la première fois, et qui sait qu’il ne comprend pas tout mais qu’il vit quelque chose d’absolument grand et unique ?

Et l’Eglise, notre Eglise est-elle cette vieille institution fatiguée et abîmée par le péché de ses membres, ou cette figure toujours actuelle du Christ ressuscité vivant à jamais, se rendant par elle visible au cœur du monde pour manifester le salut de Dieu ?

Ceux qui nous entourent sont-ils toujours des partenaires mystérieux auxquels nous sommes liés pour grandir ensemble dans la connaissance de nous-mêmes et de Dieu ?

Et nous-mêmes, notre propre vie, est-elle fille du destin, chemin de fatalité, ou présence divine, sommet de la création, appelée à rendre grâce, à chanter les louanges de Dieu et à bâtir une terre plus humaine par les multiples choix de tous les jours ?

 

Ne nous endormons pas sur nos habitudes. Nous risquerions de passer à côté de la plus belle aventure qui soit : celle de la vie avec Dieu, une vie d’engagement, de liberté et de création, de bonheur, de lutte et de paix. Quelque soit notre état de santé, nos situations familiales et professionnelles, nos difficultés du moment, le Christ nous invite, là où nous sommes, là où nous en sommes, à vivre de sa nouveauté.

A l’automne prochain, des évêques du monde entier se retrouveront à Rome à l’occasion d’un Synode sur « la nouvelle évangélisation ». Non pas pour trouver de nouvelles recettes pastorales ou missionnaires et faire plus de chrétiens ou rendre le message de l’Eglise plus audible. Il n’existe pas de telle recette ! Mais pour vivre nous-mêmes de la nouveauté de l’Evangile et de sa puissance de vie au plus profond de nous-mêmes. Et pour qu’en nous, déjà, les grandes interrogations du monde moderne (l’unité de l’humanité, le risque de l’autodestruction écologique, la recherche de la dignité de chacun, et toutes les autres !) trouvent des lieux où se poser, se déployer et proposer un chemin de vie.

L’Evangile nous appelle à accueillir la nouveauté du Christ, la nouveauté de son salut. Emilia, tu vas être plongée dans cette nouveauté par l’eau du baptême, et tu auras à en vivre toute ta vie. Ne deviens pas comme ces auditeurs de Jésus, en qui il était incapable d’offrir ce salut de Dieu tellement leur cœur était fermé à sa nouveauté ! Qu’il trouve en toi et en nous des cœurs, des corps, des vies disponibles pour l’accueillir et se laisser guérir par Lui ! Que notre manière de croire et de vivre ne l’empêche pas, Lui, de nous rejoindre au plus intime de nous-mêmes, et de nous guérir, de nous sauver, de nous donner sa paix !

Péguy disait : « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite… Il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme même perverse. C’est d’avoir une âme habituée. » Que l’Esprit du Christ ouvre nos esprits et nos cœurs à Sa nouveauté, à Sa présence, à Sa divinité, à son éternité, à sa Pâque… à Son salut !

Amen.

P. Benoît Lecomte

  • Textes du jour

Livre d'Ézéchiel 2,2-5.
L'esprit vint en moi, il me fit mettre debout, et j'entendis le Seigneur qui me parlait ainsi :
« Fils d'homme, je t'envoie vers les fils d'Israël, vers ce peuple de rebelles qui s'est révolté contre moi. Jusqu'à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi,
et les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné. C'est à eux que je t'envoie, et tu leur diras : 'Ainsi parle le Seigneur Dieu... '
Alors, qu'ils écoutent ou qu'ils s'y refusent - car c'est une engeance de rebelles -, ils sauront qu'il y a un prophète au milieu d'eux.

Psaume 123(122),1-2a.2bcd.3-4.
Vers toi j'ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel,
comme les yeux de l'esclave
vers la main de son maître.

Comme les yeux de la servante
vers la main de sa maîtresse,
nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu,
attendent sa pitié.

Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous :
notre âme est rassasiée de mépris.
C'en est trop, nous sommes rassasiés
du mépris des orgueilleux !

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,7-10.
Et les révélations que j'ai reçues sont tellement exceptionnelles que, pour m'empêcher de me surestimer, j'ai dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour m'empêcher de me surestimer.
Par trois fois, j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi.
Mais il m'a déclaré : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Je n'hésiterai donc pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi.
C'est pourquoi j'accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6,1-6.
Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent.
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui.
Jésus leur disait : « Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
Il s'étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d'alentour en enseignant.

Rédigé par Paroisse Saint Jean Baptiste Angouleme

Publié dans #Homélies

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