Samedi 2 juin 2012 Fête de la Sainte Trinité

Publié le 3 Juin 2012

  • Homélie du P. Benoit Lecomte

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Au début de chaque prière, nous nous rassemblons, seul ou avec d’autres, au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit et nous plongeons avec tout notre esprit et tout notre corps, que nous en ayons pleinement conscience ou pas, dans une relation avec un Dieu qu’on dit Trinitaire. Tout comme a débuté notre vie chrétienne lorsque nous avons été baptisés « au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ».

       Ce samedi, les jeunes qui feront prochainement leur profession de foi ont pris le temps de méditer qui est pour eux ce Dieu Père, Fils et Esprit justement à partir de la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Mais tous les textes de la liturgie de ce jour nous parlent à leur façon de ce Dieu trois fois saint.

       Dans le livre du Deutéronome, Moïse rappelle comment Dieu a créé l’homme sur la terre pour l’aimer. Et comment ce Dieu s’est choisi une nation, a donné naissance à un peuple et l’a accompagné jour après jour, à travers les joies et les épreuves, en lui apprenant toujours à vivre dans la confiance et en lui donnant la promesse d’une vie longue et heureuse. Moïse nous dit comment Dieu a adopté l’attitude d’un père vis-à-vis de son enfant, en lui donnant vie et en permettant à son enfant de grandir pour devenir petit à petit responsable de sa propre vie… a moins d’ailleurs que ce soit l’inverse : c’est notre façon d’exercer la paternité qui prend modèle sur la relation que Dieu a avec nous !

       Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, évoque l’Esprit, l’Esprit de Dieu que nous recevons et qui fait de nous des fils de Dieu. Un Esprit qui nous conduit et qui vient se lier à notre esprit pour nous faire découvrir à quelle grandeur, à quelle dignité nous sommes élevés : celle d’enfants de Dieu qui peuvent appeler Dieu « Abba », papa. Cet Esprit de Dieu est bien Dieu lui-même, qui se donne à nous en se faisant intérieur à nous-mêmes, qui nous donne le souffle divin qui peut animer notre vie.

       Et Matthieu, dans la finale de son évangile, fait intervenir Jésus ressuscité auprès de ses disciples pour les envoyer baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tout en promettant d’être présent, avec eux, tous les jours jusqu’à la fin du monde. Jésus invite ses disciples à proposer à tous les hommes de vivre pour eux-mêmes la Pâques que lui-même a vécu, la Pâques du Fils. Jésus n’est pas venu seulement pour révéler la puissance de l’amour de Dieu plus fort que la mort. Il dit là que tout homme est appelé à entrer dans ce mystère ouvert par le Fils, nouant ici ce que Moïse et saint Paul esquissaient : dans la Pâques du Christ comme dans le baptême, Dieu se révèle Père de l’humanité faisant de tous les hommes, par l’Esprit Saint, ses enfants.

       Un Père qui se choisi un peuple, un Esprit qui vient habiter notre esprit, un Fils ressuscité qui se laisse voir dans son Corps par ses disciples… Le Dieu Trinité nous laisse découvrir la vie de l’Eglise, tout à la fois Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit ! Telle est la définition de l’Eglise que donnait le concile Vatican II il y a 50 ans. Une définition que nous n’en finissons pas de découvrir et de vivre !

       Telle est l’identité et la mission de l’Eglise, venues du Dieu Trinitaire. Et l’on voit bien ces jours-ci que notre Eglise se perd lorsqu’elle se compromet avec les façons de faire du monde, lorsqu’en elle certains cherchent le pouvoir pour eux-mêmes ou le discrédit des autres, alors que « le haut état-major de l’Eglise n’est qu’un rassemblement assez minuscule de chefs de bureau sans moyens, sans logistique, et qui n’influe que symboliquement sur le peuple de Dieu », pour reprendre les mots du chroniqueur Bruno Frappat dans une tribune de ce week-end. Mais ce qui se passe en ce moment au Vatican peut malheureusement se passer à l’échelle d’un diocèse, ou même d’une paroisse. La fête de la Trinité et la célébration du Dieu Père Fils et Esprit nous ramènent alors à l’unique source et l’unique but de toute notre vie d’Eglise et de communauté chrétienne.

       En Eglise, en communauté, il nous faut devenir signes vivants et Peuple d’un Père qui ne cesse de créer et de donner la vie, qui ne cesse d’appeler et de choisir d’aimer. Il nous faut devenir signes vivants et Corps d’un Fils qui met en relation avec le Père en donnant sa vie pour tous et en faisant passer l’humanité par la mort et la résurrection, offrant là une espérance qui ne déçoit pas. Il nous faut devenir signes vivants et Temple d’un Esprit qui met en communion les hommes entre eux et les hommes avec Dieu, d’un Esprit qui nous libère de toutes nos peurs et qui inspire en nous les actes de fraternité, d’accueil, de solidarité et de justice pour participer à la construction du Royaume de Dieu.

       Le fête de la Trinité peut nous paraître au premier abord éloignée de nos préoccupations. Ne croyons pas qu’elle est la fête d’un dogme trop compliqué à comprendre et à expliquer. Elle vient au contraire nous rappeler à l’essentiel de notre mission de chrétien, cette mission que nous recevons et que nous traçons si souvent sur tout notre corps en nous marquant du signe de la croix. Elle vient nous rappeler que si Dieu est relation d’amour en lui-même, relation d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit, et que cet amour est vécu pour être partagé avec toute l’humanité, alors il nous revient aussi, en Eglise, de devenir sans cesse lieu de relation d’amour entre nous et autour de nous. Lieu de communion, d’accueil de l’autre et de simplicité.

       Fêter la Trinité, c’est reprendre conscience de la folie de Dieu, et de la radicalité de vie à laquelle nous sommes appelés. Parce que le Dieu Trinitaire est bien modèle et source de toutes nos relations humaines et sociales.

       Que le Dieu Père, Fils et Esprit nous apprenne et nous aide à vivre vraiment des relations d’amour les uns avec les autres, pour répondre à notre vocation d’êtres créés… à l’image de Dieu !

       Amen.

P. Benoît Lecomte 

  • Textes du jour
Livre du Deutéronome 4,32-34.39-40.
Moïse disait au peuple d’Israël : « Interroge les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre : d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ?
Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu de la flamme, et qui soit resté en vie ?
Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, par la force de sa main et la vigueur de son bras, et par des exploits terrifiants - comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ?
Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton cœur : le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre.
Tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du Seigneur que je te donne aujourd'hui, afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
 

 

Psaume 33(32),4-5.6.9.18-19.20.22.
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu'il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Le Seigneur a fait les cieux par sa parole,
l'univers, par le souffle de sa bouche.
Il parla, et ce qu'il dit exista ;
il commanda, et ce qu'il dit survint.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

 

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8,14-17.
Frères, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.
L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : « Abba ! »
C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.
Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 28,16-20.
Au temps de Pâques, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.
Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ;
et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.

 

 

Rédigé par Paroisse Saint Jean Baptiste Angouleme

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