Samedi 22 juin 2013 : 12ème dimanche TO C

Publié le 23 Juin 2013

Samedi 22 juin 2013 : 12ème dimanche TO C

Homélie du P. Benoit Lecomte

« Qui est Jésus pour toi ? » Telle est la question que te lance l'évangile aujourd'hui.

Et à cette question, chacun peut essayer d'y répondre en vérité. Non pas avec des formules toutes faites et des « bonnes réponses de caté » qui n'apportent rien, mais dans la vérité de la relation et de la connaissance que l'on a de Jésus. Alors Jésus sera : un grand maître spirituel, un modèle moral de vivre ensemble, un religieux un peu libre, le fondateur d'une nouvelle religion, un faiseur de miracles, un grand sage, un révolutionnaire, un charpentier, un imposteur, un homme dans toute la plénitude de son humanité, un ami, un confident, un amoureux, Dieu – ou le fils de Dieu... Et la diversité de ces réponses révèle une chose : Jésus ne se laisse enfermer dans aucune appréhension, compréhension, relation. Il est et il sera toujours au-delà de tout ce qu'on pourra dire de lui, et de tout ce qu'on pourra vivre avec lui. Il est au-delà et en-deçà, il est plus que tout cela et à la racine profonde de tout ce qu'on pourra percevoir.

Mystère de l'identité de Jésus, et mystère de l'identité de chacun. Car finalement, aucun de nous n'est réductible à une somme de caractéristiques et de qualités... encore moins la somme de « ce que disent les gens ». Il y a de nous toujours plus que ce qu'on peut en dire et en percevoir, et toujours plus profond que ce qui peut être appréhendé. Mystère de l'homme – des autres, et de nous-mêmes ! - que l'on n'en fini pas de découvrir à longueur de jours et d'expériences et de rencontres. La réponse à la question « qui est Jésus pour toi? » ne peut pas être figée une fois pour toute. Elle s'inscrit dans une relation d'amour et de connaissance, immanquablement fluctuante au fil du temps. On n'en finira jamais de découvrir qui est Jésus, ce qu'il dit, son message, et ce qu'il veut et fait pour nous.

Jésus est plus que la somme de toutes nos réponses. Il les dépasse. Il les accompli. Lui qui rend Dieu accessible à l'homme, est en quelque sorte l'inaccessible. Car s'il est l'un de nous, il est aussi le Tout Autre qui fait toute chose nouvelle.

Saint Paul répond aussi à sa façon à qui est Jésus pour lui, en disant ce que Jésus produit en nous et pour l'humanité : il est celui qui fait l'unité. « En Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. » Superbe parole d'égalité que certains voudraient prendre à leur compte, j'en suis sûr : tous ceux qui rêvent de n'avoir plus qu'une seule religion, et qui se situent au-dessus d'elles, argumentant que boudhistes, chrétiens, juifs, musulmans ou autres croient tous au même dieu et qu'il faut passer au-delà des différences, rabaissant les révélation à des valeurs humaines ; tous les utopistes politiques rêvant d'une société sans classes et totalement égalitaire ; tous ceux aussi qui se font les chantres de ces théories originales indiquant que les différences hommes femmes n'existent pas et qu'elles ne sont que constructions sociales et culturelles... Mais le Christ n'abroge pas les différences, il les unifie. Il n'élimine pas les contraires et les oppositions, il les tisse et les lie pour en faire jaillir la vie. Il n'horizontalise pas l'humanité, il la révèle dans sa transcendance la plus belle et la plus absolue. Qui est Jésus, pour Paul ? Il est celui qui descend au plus intime de l'homme, au plus profond de nos enfermements et de notre péché (comme diront les mots de notre credo), de notre non-amour et de notre égoïsme, à cet en-bas qui nous est commun, pour nous mener au-delà de nos différences – mais avec elles et par elles – à ce qui nous est à nouveau commun : la communion avec lui.

C'est cet abaissement qui devient croix du Christ, croix de notre salut, chemin de notre humanisation. Jésus t'invite, nous invite à suivre ce chemin, à le suivre, et à entrer dans son mystère, avec cette radicalité qui caractérise l'évangile : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » Là n'est pas une question morale un peu masochiste, mais une question d'amour et de fidélité. De combat, peut-être, parfois, existentiel, pour laisser le Christ vainqueur. Cette croix à prendre chaque jour qu'est celle du baptême dont parle Saint Paul, croix que nous avons reçue avec le vêtement blanc en plongeant dans la mort et la résurrection de Jésus. Croix vécue dans l'ouverture à l'action du Christ en toi, en moi, en nous (chacun et en Église), et dans l'abaissement de l'amour et du don. Parce qu'il n'y a de vie que lorsqu'elle n'est pas gardée sauvagement (ce qui est la mort!), mais donnée librement. Et que Jésus nous apprend le chemin de cette vie, à mesure que nous le laissons creuser en nous ce chemin.

« Qui est Jésus pour toi ? » Continue d'entendre cette question, jour après jour... et d'essayer d'y répondre. Pas seulement avec ton intelligence et ta connaissance, mais aussi avec ton cœur et ta vie. En le laissant lui-même agir et faire l'unité en toi... et en prenant toi-même, pour notre monde, un chemin de paix et de communion, d'unité et de réconciliation.

Amen.

P. Benoît Lecomte

Textes du jour

Livre de Zacharie 12,10-11a.13,1.
Parole du Seigneur :
En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication. Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé ; ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né.
En ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.
En ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure


Psaume 63(62),2.3-4.5-6.8-9.
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t'ai contemplé au sanctuaire,
j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
Mon âme s'attache à toi,
ta main droite me soutient.


Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 3,26-29.
Frères, en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi.
En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus.
Et si vous appartenez au Christ, c'est vous qui êtes la descendance d'Abraham ; et l'héritage que Dieu lui a promis, c'est à vous qu'il revient.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9,18-24.
Un jour, Jésus priait à l'écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un prophète d'autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. »
Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne,
en expliquant : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera.

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

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