Samedi 7 février 2015 : 5ème dimanche TO B

Publié le 8 Février 2015

Samedi 7 février 2015 : 5ème dimanche TO B

          « Libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous. Avec les faibles, j'ai été faible. Je me suis fait tout à tous. » Vous avez entendu comme moi ce projet de Paul, ce style de vie chrétienne, cette inscription d’Évangile au milieu de ses contemporains. Impressionnant Paul qui, enraciné dans son amour pour le Christ et dans sa foi en la confiance de Jésus à son Père, se donne lui-même en témoignage, ne reste pas en arrière ou en surplomb, ne revendique aucune vérité ni dogmatisme, mais cherche à se faire le plus proche possible, le plus frère possible, de chacun.

            Comment ne pas entendre là un écho de l'attitude et de la parole de Jésus lui-même ? Lui qui se fait le prochain de « tous ceux qui étaient atteints d'un mal ou possédés par un démon ». Lui qui veut, dit-il, « aller ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile, car c'est pour cela que je suis sorti. »

            Et si cette façon de vivre l’Évangile – un évangile vécu qui devient annonce de l’Évangile reçue – devenait notre façon de vivre l’Évangile en communauté ?

            Je ne parle pas de la façon que chacun a de vivre l’Évangile et de se faire proche. Chacun de nous, et c'est heureux, a de multiples solidarités et façons de vivre des solidarités. Chacun a ses engagements, son implication propre dans le voisinage ou le tissu associatif... Mais en communauté, où en sommes-nous de cette proximité à vivre avec tous ceux qui nous entourent, de Sillac à Basseau et de Frégeneuil à Grelet ?

            Cette question était au centre de notre rencontre du conseil pastoral de paroisse mercredi dernier, et elle est également portée au cœur de l'équipe d'animation pastorale de notre paroisse. Régulièrement, nous nous interrogeons sur ces deux dimensions de vie fraternelle :

  • Comment faisons-nous attention les uns aux autres en dehors de nos rassemblements et de nos réunions ? Autrement dit, comment nous inquiétons-nous les uns des autres, prenons-nous des nouvelles des uns et des autres, nous entraidons-nous, savons-nous, avec la pudeur requise, ce que les uns et les autres vivent ? Comment vivons-nous réellement de la charité du Christ et de son Evangile autrement que dans des temps organisés et formels ?
  • Et comment sommes-nous présents à la vie et aux réalités de nos contemporains avec notre foi chrétienne, non pas par souci de prosélytisme, mais par souci d'amour, de fraternité, et porteurs d'une parole d'espérance, de joie et de paix ?

Ces deux questions, qui pourraient n'en faire qu'une seule, sont fondamentales, et nous obligent, sans cesse, à un examen de nos pratiques. Que ne désirons-nous pas vivre toujours davantage de cette fraternité du quotidien, de cet Évangile du quotidien, entre-nous et autour de nous ?

            Ce que nous essayons de vivre doit toujours aller dans ce sens, et c'est bien ce qui anime nos choix et nos orientations. Lorsque nous réfléchissons à des travaux immobiliers, c'est bien pour être plus accueillant au plus grand nombre et à une plus grande diversité de personnes et de réalités. Quand nous nous encourageons à vivre une fête des voisins, à participer aux repas de quartiers, à sortir de nos maisons, à souhaiter une bonne année, lorsque nous cherchons à être davantage présents lors d'après-midi conviviales, lorsque nous préparons un mercredi des cendres sur ce qui se vit dans nos quartiers, ou une soirée sur la question de la fin de vie, est-ce du saupoudrage ? Ou au contraire faire le choix de se faire « tout à tous » pour partager notre vie, joyeuse de l'espérance du Christ, avec tous ? Lorsque nous voulons vivre un dimanche communautaire dans une abbaye, comme ça le sera le 22 mars prochain, n'est-ce pas pour prendre le temps de mieux nous connaître, de nous rencontrer davantage, de faire connaissance avec ceux que nous croisons sans prendre davantage de temps, en même temps que de nous réenraciner dans le Christ ?

            Il y a des jours où nous pouvons trouver que notre Église dans son universalité, et pourquoi pas aussi notre communauté chrétienne, prend les allures de la vie de Job : pleine de corvée, faite des journées de manœuvre. Ne tombons pas pour autant dans la lamentation, la méfiance, le désespoir : la vie est là. Et elle est là parce que le Christ est là et que nous voulons être attentif à sa présence. Elle est là parce qu'il est sorti pour nous rejoindre et nous guérir de toute maladie et des esprits mauvais qui peuvent nous traverser. Elle est là parce que des hommes et des femmes, des adultes et des enfants ont soif de l’Évangile.

            Aux jours de doutes sur notre capacité à vivre de l’Évangile, c'est-à-dire à sortir de nous-mêmes et de nos façons de faire souvent encore trop anciennes et trop rouillées, reprenons le chant du psalmiste, étonnamment placée après les lamentations de Job dans la liturgie de ce jour :

            « Il est bon de fêter notre Dieu, il est beau de chanter sa louange : il guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures. Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom ; il est grand, il est fort, notre Maître : nul n’a mesuré son intelligence. Le Seigneur élève les humbles et rabaisse jusqu’à terre les impies. Entonnez pour le Seigneur l’action de grâce, jouez pour notre Dieu sur la cithare ! »

            Amen.

P. Benoît Lecomte

Livre de Job 7,1-4.6-7.
Job prit la parole et dit : Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre.
Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye,
depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance.
À peine couché, je me dis : “Quand pourrai-je me lever ?” Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube.
Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s’achèvent faute de fil.
Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur.

 

Psaume 147(146),1.3.4-5.6-7.
Il est bon de fêter notre Dieu,
il est beau de chanter sa louange !
il guérit les cœurs brisés
et soigne leurs blessures.

Il compte le nombre des étoiles,
il donne à chacune un nom ;
il est grand, il est fort, notre Maître :
nul n'a mesuré son intelligence.

Le Seigneur élève les humbles
et rabaisse jusqu'à terre les impies.
Entonnez pour le Seigneur l'action de grâce,
jouez pour notre Dieu sur la cithare !

 

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 9,16-19.22-23.
Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !
Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée.
Alors quel est mon mérite ? C''''est d''''annoncer l''''Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l''''Évangile.
Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible.
Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns.
Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,29-39.

  1. En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.

Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Rédigé par Paroisse saint Jean Baptiste

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